La prochaine sortie aura lieu le 21 avril dans les Combes de Veaux, pour parler du silex.
Les sorties autour de la préhistoire connaissant chaque année un grand succès, pensez à réserver à l'avance votre place. Le groupe comptera 25 personnes maximum. (Nous en avons refusé 8 l'an dernier pour grimper à Sainte Luce...).
Pierre André, qui sera notre guide (merci à lui), nous a concocté une "petite" présentation de ce thème. La voici :
Le silex, le matériau de l’Homme préhistorique
Sortie Association « Patrimoines Pren Lo d’Aise »
21 Avril 2013
Par Pierre ANDRÉ* et d’après Michel PIBOULE**
On ne peut évoquer les relations entre l’Homme et la matière minérale sans parler immédiatement du silex, l’une des plus anciennes matières premières utilisées par celui-ci, au cours de la plus longue période de l’humanité, le matériau emblématique de la Préhistoire.
Le silex est une roche au statut bien particulier, très recherchée parce que différente des autres matières minérales. Les combes de Veaux, à la chute occidentale du Mont Ventoux, offrent un très important potentiel en ressources siliceuses. Au Néolithique Moyen (-4500/-3700 a.v J.C), ces gîtes siliceux, véritables centres de production se distinguent par la fréquence des zones d’extraction et des ateliers de taille. Ces exploitations de silex vont de pair avec une production et une exportation de biens spécialisés à très grande distance……
Des objets produits finis ou semi finis qui s’échangent, voyagent, des sociétés qui se définissent, s’identifient à partir de leurs productions siliceuses, après la très longue phase préhistorique, on aurait pu supposer que toutes les techniques de taille avaient été expérimentées, affinées, épuisées et que le passage à la métallurgie avec la production cuprifère (cuivre) allait mettre un terme à l’utilisation du silex. Or, il n’en fût rien, bien au contraire, la période de la découverte et de l’emploi du cuivre s’avère aujourd’hui comme celle de l’apogée technique de la production lithique.
Dans les temps historiques, l’utilisation du silex s’est poursuivie sporadiquement de l’Antiquité jusqu’au XIXe siècle.
Les gîtes d’origine : identification des matières premières
La détermination d’un ou des gîtes d’origine à partir d’un mobilier archéologique en silex rencontre des limites incontournables. La « signature » – fingerprint – géochimique d’un type de silex ne défini en effet qu’une « zone source » parfois très étendue et offrant bien souvent de nombreuses variantes dans les couleurs, les zonages, les incrustations ou les liserés sub-corticaux, le tout selon l’extension, le volume des gisements ou la présence de gisements secondaires.
Les caractéristiques visuelles des enveloppes corticales, les stigmates de transport (fissures, zones éclatées, gélifractées etc.) ou les altérations superficielles (formations de néocortex alluviaux ou post dépositionnels) sur une surface résiduelle géologique d’un artefact permettent cependant de préciser si la matière première provient d’une source primaire (en place), sub-primaire (ex : en éboulis) ou, de telle ou telle source secondaire (ex : en alluvions fluviatiles).
D’autres facteurs peuvent également modifier les données d’une source siliceuse : du remaniement en interne de matériaux plus récents, de la disparition de cette source par épuisement, par sédimentation ou par érosion.
Si les travaux d’identification des différentes matières premières siliceuses (la signature fingerprint) ont d’ores et déjà apporté beaucoup à l’archéologie préhistorique, ils ne représentent toutefois qu’une étape. Celle-ci est à intégrer aux études des « chaînes opératoires », c’est-à-dire à chronologie des étapes qui, de l’extraction, de la préparation, de la taille, de la chauffe, du débitage, d’un bloc (ou nodule), amènent à des ensembles d’objets : des « éclats-déchets, nucléus etc. » jusqu’ à l’objet ou série d’objets plus ou moins élaborés, d’usage reconnu ou à signification symbolique. La connaissance de ces chaînes opératoires passe, comme préalable, par l’archéologie expérimentale et, par la détermination de l’origine de la matière première de toutes les pièces recueillies. Cela permet de préciser le statut d’un site : atelier(s) d’extraction, de taille, de chauffe etc., de l’identifier au regard d’une ou plusieurs chaînes opératoires qui y sont représentées et, à une autre échelle, de retrouver les « axes de diffusion » de ces silex sous leurs différentes formes : blocs-nodules, préformes, produits semi-finis ou finis, transportés depuis leur(s) lieu(x) de collecte initial jusqu’à leur(s) site(s) d’abandon final.
Enfin, dans ce contexte, le silex n’est pas étudié pour lui-même, mais comme un élément médiateur qui nous renseigne sur les organisations sociales, les répartitions des taches domestiques d’un lointain passé et, sur les pensées symboliques de ceux qui ont utilisé et considéré ces matériaux siliceux.
* : EHESS Toulouse ; ** : Institut Domolieu Grenoble